Thursday, May 24, 2018

Épître de Jésus Christ aux Chrétiens des siècles à venir



    L’homme vêtu d’une tunique sale et décousue se lève pour se signaler, et prendre la parole parmi la multitude assise. D’un geste de la main, il balaye les cheveux longs et reluisants qui lui obstruent le regard, et émet un son guttural pour éclaircir sa voix. Il lève les yeux vers le ciel intense, bleu et brûlant, puis le posent sur le locuteur qui domine l’assemblée attentive. 

­­­‒ Rabbi, dit-il, est-tu vraiment celui qui est homme fait de la chair de l’Éternel, et dont les pouvoirs impossibles rendent la vie éternelle possible à quiconque crois en toi ? 

‒ Mon frère, toi dont les yeux font douter l’esprit, et vous tous qui écoutez assis les paroles, entendez ce que je vous dis. Vous qui êtes nés, êtes condamnés deux fois : à vivre, puisque vous êtes nés, à mourir car vous êtes vivant. Il en est ainsi car le Père qui trône depuis les cieux l’a dicté le jour de la création. Mais qu’y-a-t-il au monde de plus miséricordieux que l’amour d’un père pour ses enfants ? Croyez-vous qu’il existe quoi que ce soit qu’il ne puisse, Lui qui a fait toute chose ? Pour vous préserver du froid, Il a créé le soleil, pour rassasier vos estomacs il a vous donné les figuiers. C’est pour racheter vos pêchés du tourment de l’enfer, et sauver vos vies du chaos de la mort éternelle qu’Il m’a envoyé. Vous mourrez, mais mangez ma chair, buvez mon sang et vous vivrez. Une armée d’anges vous ouvriront les portes du royaume de la résurrection et de la vie éternelle.  

‒Rabbi Jésus, questionne l’homme encore, tu sauves de la mort, mais qui sauves-tu ? Rachètes-tu les fautes du Juif comme celles du Gentil ? Ouvres-tu les portes de ton paradis aux non-circoncis ?

‒La tanière est la demeure des chiens, le temple celle des prêtres choisis de l’Éternel. Vous autres, enfants d’Israël, avez été élus parmi les nations depuis le jour ou le Père s’est allié à Abraham pour faire de sa descendance son peuple, un peuple de prêtres pour l’éternité. Les portes du royaume de Dieu s’ouvrent devant ceux qui le craignent, ceux qui portent le signe d’Abraham. 

      Mais je vous l’annonce, aussi soyez mes témoins : un autre viendra après moi. Le ventre et le sein d’une fille d’Israël lui donneront le jour et le lait en la terre connue comme Tarsus. Il sera circoncis le huitième jour, mais se fera le serviteur de Satan. Mon père créera les mots les plus cruels et effroyables pour décrire son ingrate créature. Une fois qu’il aura atteint l’âge d’homme, il proférera de démoniaques prophéties, travesti en vrai prophète devant les multitudes. Les enseignements de cet apôtre de la fourberie feront mentir les saintes écritures. Il n’y aura de chemin que ses pas ne dispenseront de fouler pour propager sa parole. Ce faux apôtre séduira plus de cœurs et d’âmes qu’on ne pourra en compter. Il prendra pour apôtres d’impurs créatures coupables idolâtrie, qui feront de lui leur prophète. Ces hordes de poussière d’homme se rueront vers lui comme des malheureux qui, assoiffés par la chaleur du désert, courent vers un mirage en croyant trouver une oasis et espérer y boire de l’eau fraîche. Le pêché dont il se rendra coupable, et qui perdurera pendant les siècles à venir, sera plus infâme, plus odieux encore que le meurtre de Moise et d’Abraham. Cette créature que je vous annonce se retournera contre son créateur, pour se faire Dieu à la place de notre Seigneur. Il blasphèmera la sainte l’alliance entre l’Éternelle et son peuple Israël, pour la porter aux pieds des goyim et conclure une alliance avec eux, comme le pain qui tombe de la table est souillé par le museau des chiens galeux. Les promesses du prophète usurpateur profaneront les portes du royaume de mon père, pour y laisser pénétrer les multitudes de Gentils, engeance de vipère, en mon nom.